jeudi 22 mars 2012

Amina avait 16 ans.....










Amina avait 16 ans, l’âge où chez nous les filles vivent cette merveilleuse jeunesse et aspirent à la liberté, cet âge où les amourettes amènent garçons et filles, main dans la main, à découvrir le monde….
Amina, n’a pas eu cette chance.
Le samedi 9 mars, après avoir été contrainte à épouser son violeur, elle s’est donné la mort près de Tanger avec de la mort aux rats.
Voici un résumé de ces articles ignobles  qui permettent de telles choses :
article 475: annule les poursuites à l'encontre de l'agresseur en cas de mariage de ce dernier avec la victime.
article 488: maintien de la défloration comme circonstance aggravante du viol. Au lieu de punir l’acte criminel et les conditions dans lesquelles il a été commis, le législateur se base sur l’état de la victime avant le viol (vierge ou pas) pour déterminer la nature de la punition.
articles 499 à 459 sur l'avortement: pousse des centaines de femmes et de jeunes filles à recourir quotidiennement à cette pratique dans le clandestinité absolue et dans des conditions souvent non médicalisées risquant ainsi à d’énormes dangers pour leur vie
article 490: Si la victime majeure d'un viol dépose une plainte et qu’elle est déboutée, elle est automatiquement poursuivie pour « fassade » (débauche), c’est-à-dire qu’elle est coupable d’avoir déclaré avoir eu une relation sexuelle hors de l’institution du mariage. De victime de viol, la plaignante devient coupable de débauche ! Cet article a aussi pour conséquence de conduire les femmes célibataires enceintes à abandonner leurs enfants ou à commettre des infanticides.
Des femmes marocaines se mobilisent pour mettre fin à ces lois indignes.
Malgré cette mobilisation massive  article 475: annule les poursuites a l'encontre de l'agresseur en cas de mariage de ce dernier avec la victime.

Malgré cette mobilisation massive la ministre marocaine de la Femme, de la Famille, de la Solidarité et du Développement social :  Bassima Hakkaoui, déclare 
: « L’article 475 du code pénal ne risque pas d'être abrogé, du jour au lendemain, sous la pression de l’opinion publique internationale. Parfois le mariage de la violée à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice ! « « Aujourd’hui, l’article incriminé nécessite un dialogue sérieux entre le tissu associatif, parlement et ministères concernés. Il se peut que l’article soit amendé entièrement ou partiellement ».
Le cas d'Amina Filali, a été un sujet de débat et de colère au parlement européen. Cette affaire a été au cœur d’un débat sur les droits de l’Homme au Maroc.
Le 25 mars 2012, les femmes se retrouveront dans une marche place des nations à Casa pour dire : NON !
Combien faudra-t-il d’Amina pour que cela cesse ?

Signez cette pétition ..

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mercredi 14 mars 2012

Une salle de tribunal.....

Pour la 1ère fois, je me suis retrouvée dans la salle d’un tribunal correctionnel. J’accompagnais une amie victime d’un vol dans son appartement.

J’ai l’impression d’un passage de douane à l’aéroport ! A l’entrée, les gens présentent leurs papiers, montrent leurs sacs, déposent les ceintures ….. mais, on garde tout de même les chaussures ! lol
Visages graves…Qui est victime ? Qui est coupable ? On ne peut les distinguer, tant les visages sont crispés ….
Les avocats, avec leur habituelle robe noire ornée d’hermine blanche s’agitent dans la salle.
Une ambiance étrange règne dans ces lieux et, même si on n’est là qu’en temps que spectateur, on ne peut empêcher les accélérations de son coeur.
Le mien bat la chamade et, certainement à l’unisson de tous ceux qui espèrent que le justice leur sera favorable.
Les affaires vont se succéder. Tout le monde a été convoqué à 14h mais, à chacun son tour !
La situation de mon amie est d’autant plus délicate que le voleur est son ex mari ! Il est assis devant nous.
Une sonnerie retentit, annonçant l’arrivée de la cour.
Tout le monde se lève et attend que le président du tribunal nous demande de nous asseoir.
Parmi les affaires qui se succèdent, un couple est accusé de contrebande, principalement cigarettes et alcools.
Leur avocate tente d’obtenir l’indulgence de la cour.
Elle s'efforce adroitement de mettre en évidence la contradiction entre la libre circulation des biens et des personnes et l’interdiction….
Ils sont passés de ce petit pays qui est l’Andorre non taxé, à un autre, la France, où les taxes sont différentes et importantes.
Ses arguments ne semblent pas très convaincants. Difficile de convaincre qu'une telle quantité ne soit que pour un usage personnel ! De sacrés fumeurs !
La tolérance porte sur une cartouche et demi et, le chiffre annoncé de la saisie est impressionnant !
L’avocate essaie d’obtenir une baisse des amendes.
L’affaire suivante concerne mon amie. L’ex mari admet les faits et essaie d’évoquer un fait antérieur pour minimiser sa faute mais, la cour lui signale qu’elle ne voit pas le rapport ! Il semble empêtré dans les mots et sa nervosité apparaît tant dans ses mots que dans ses gestes. Bien sûr, comment se sortir d'une telle situation ? Charger l'autre semble sa seule défense car de circonstances atténuantes, il est difficile d'en trouver !
Il n’avait aucun droit de forcer la serrure, voler, puis appeler un serrurier pour changer la serrure et, c'est ainsi que mon amie s'est retrouvée devant une porte close sans avoir la bonne clef !

Le président du tribunal n'est pas tendre avec lui et n'hésite pas à lui faire remarquer qu'il est choquant qu'un homme intelligent et avec une telle position se conduise ainsi. J'ai apprécié tant je craignais que le "selon que vous serez puissant ou misérable....." soit d'actualité dans ce tribunal. Cela rassure.

Au terme "vengeance" évoqué par le tribunal l'accusé renvoie celui de "ressentiment" mais, je mesure dans cette façon de se conduire, de vouloir blesser l'autre combien l'amour est très près de la haine.  J'ai aussi surpris son regard alors qu'il regagnait sa place. Pas un regard chargé de méchanceté mais, une profonde lassitude s'y lisait....Ce peut il qu'enfin il ait conscience de ses actes et que cette affaire trouve une fin ? Ce peut il qu'il mesure enfin que les choses ont assez duré et que vouloir blesser l'autre ne lui rendra pas le bonheur qu'il a perdu....
Mon amie est ensuite appelée à la barre. Elle raconte les faits. Sa voix tremble.
Son émotion ne semble pas convaincre l’avocat de son ex qui commence sa plaidoirie par ces mots : « Je pense qu’on a à faire à un couillon et une menteuse ! »
Pas facile d’entendre cela, de voir sa vie étalée et d’entendre des mensonges… Je comprends son émotion et je la plains…. L'agressivité des mots de l'avocat me dérangent et, j'espère que personne n'a été dupe lorsqu'il a évoqué la faible retraite de son client qui avait une  situation et des revenus fort enviables ! C'était un peu se moquer du monde !
Autant l'avocate de mon amie était calme, sans agressivité, autant l'autre était violent dans les mots et antipathique ! Est ce parce que l'avocate ressentait qu'elle défendait la vérité ? 
La vérité n'a pas besoin de s'imposer agressivement, elle est !
Je ne peux m'empêcher de sourire à la pensée de ces mots : "jurez vous de dire la vérité.....dites : je le jure !" remarquons bien qu'il n'y a qu'aux témoins que l'on demande de dire cela....heureusement !
Nous sortons quelque temps afin que la cour délibère.
Les voilà de retour !

Pas de pitié pour les contrebandiers ! La peine infligée est lourde !
L’ex mari de mon amie est condamné et, même si cette condamnation semble légère au vu de ce qu’elle a vécu, la cour a reconnu la culpabilité !
Personnellement, je sors de là dubitative. La peine est-elle suffisante vu ce qu’elle a enduré ?
Etre condamné un mois avec sursis semble léger mais, durant 5 années, le moindre dérapage pourrait lui être fatal ! Cela évitera, je l'espère, toute pensée de représailles.
Un temps, j’ai regretté de ne pas avoir poursuivi en droit, mais, aujourd’hui, je pense que je n’aurais pas pu mentir pour défendre
Finalement, je n’aurais pas bien gagné ma vie !!! 
Mais, contrairement à ce que dit A.Hallée, certains avocats ont  un grand coeur ! Heureusement ! 
Il est certain que le soir se retrouver face à sa conscience et se dire : "j'ai chargé un innocent pour sauver un coupable" cela ne doit pas être facile....
« Pour vivre heureux dans la profession d’avocat, il ne faut pas avoir de cœur. » (André Hallée)

lundi 5 mars 2012

Révoltant !

Des évènements difficiles ces derniers temps (décès d’une tante adorée) m’ont amenée à aller me changer les idées ailleurs.

Après une halte dans l’appartement d’une amie, je suis partie rejoindre une autre amie en bord de mer à Canet Plage.
Nous sommes lundi et réveillée de bon matin, je prends la route. J’ai une bonne heure et demie de trajet. En route, je l’appelle pour la prévenir mais, elle est occupée et ne pourra être à son appartement que vers 17H.
Peu importe….je me promènerai !
Mais, elle me rappelle et me dit d’aller chercher la clef chez un ami.
Me voilà arrivée à destination. Il fait beau, la mer est belle, je suis bien et…..je pars marcher pieds nus dans l’eau…..je respire, je reçois avec soulagement cette bouffée d’oxygène et je marche durant plus d’une heure.
Il est près de 15h30 – 16H quand je reviens à l’appartement.
On frappe à la porte. Mon amie est-elle déjà de retour ? Super !
Mais, quelle surprise en découvrant deux personnes inconnues (un homme et une femme) ?  Elle me dit être liquidateur judiciaire et m’explique que l’appartement appartient à une SCI qui a été dissoute et qu’ils sont chargés de vendre tous les biens. Lui, c’est un agent immobilier qui vient prendre des photos. Je n’accepte pas de les laisser entrer et, à plus forte raison de prendre des photos, vu que je ne suis pas chez moi. Il est assez gêné et je me demande s’il était au courant de toute la situation.
Quant à moi, même si je savais certaines choses, je trouve incroyable qu’on étale ainsi une situation qui ne m’appartient pas et que je pourrais fort bien ignorer ! Cela manque de discrétion ce me semble !
Connaissant les relations difficiles entre mon amie et son ex-mari, je crois à un coup monté et je plaisante.
J’avais envisagé de faire des études de droit mais, comme je leur dis, je n’aurais jamais pu faire ça ! J’espère au moins que c’est bien payé car, ce n’est pas évident de mettre ainsi les gens dehors ! Je suis de plus en plus persuadée que c’est « un canular » !
Elle me dit que mon amie a été avertie par courrier et, je m’étonne que celle-ci m’ait fait venir si c’est le cas….
Je ne sais que penser et quand elle me demande le numéro de ma copine, je dis ne pas l’avoir. D’ailleurs, c’est vrai car mon portable est dans la voiture….
Avant de partir, elle me remet une lettre et téléphone au serrurier afin qu’il ne se déplace pas.
Et, oui ! Tout était prévu, même le changement des serrures et, si j’avais traîné un peu dans ma promenade, je me retrouvais devant une porte close et, sans clefs ! De plus, mes papiers, chéquier, carte bleue et argent étaient à l'intérieur de l'appartement..... Hallucinant !
Mon amie alertée par mes soins revient rapidement et, munie de cette lettre, nous partons chez  ce liquidateur indiqué sur la lettre.

En voyant, derrière son bureau, la personne que j’avais trouvée devant la porte, je comprends que ce n’était pas un canular !
La « chef », une grande blonde arrive et, là, j’assiste à une discussion animée ! Mon amie explique, l’autre réplique avec énervement, lui reproche de l’avoir empêchée depuis 4 ans de faire son boulot ! Pourquoi  4 ans ? Je le comprendrai plus tard.
L’ambiance est électrique. C’est un pugilat de mots !
Tout à coup, alors que je suis à côté d’elle, j’entends la « chef » prononcer avec mépris ces mots « une gitane ! ». Je la regarde étonnée mais, ne réagis pas espérant que mon amie n’a rien entendu.  Elle me regarde en souriant, consciente que j'avais entendu cette injure mais, ne réagissant pas, peut être a-t-elle pensé que je l'approuvais ? Quelle erreur !!!! Comment une personne représentant la loi peut-elle ainsi perdre son sang -froid et lancer de tels mots !
Après nous avoir désigné à plusieurs reprises la porte, la « chef » s’enferme dans son bureau et nous partons, non sans avoir réclamé la preuve de ces courriers dont elle a tant parlé mais, qui semblent égarés !
Nous rejoignons la voiture. J’espère que mon amie n’a rien entendu. Ne voulant pas la blesser, je ne dis rien. Elle m’explique alors que cela fait 4 ans, lors de son divorce son mari avait demandé que cette femme soit gérante de la SCI. Mon amie a refusé et l’affaire mise en jugement. La gérance a été donnée à mon amie.
Etrange que par la suite, alors qu’il y a déjà eu des antécédents, étrange que la justice la désigne comme liquidateur ? N’y aurait-il pas plus qu’une simple affaire de liquidation mais « de femmes » ?
Mon « secret » sur l’estomac, nous rentrons. Mon amie est bien décidée à déposer une plainte pour intrusion dans son domicile.
Nous rejoignons une de ses amies et, à moment donné, mon amie sort pour téléphoner. Je ne peux plus me taire. Le secret est trop lourd et j’en parle à cette copine qui en est offusquée. C’est une injure raciale me dit-elle.
La soirée se passe sans que ni l’une ni l’autre ne disions rien de cela. J’ai mal pour mon amie. Pour ses problèmes, pour ces mots méchants !
Le lendemain, au cours du repas, nous n’y tenons plus et encouragée par sa copine, je lui dis ce que j’ai entendu.
Trop habituée à de tels propos de la part de son ex-mari elle n’avait pas relevé mais, prend conscience que c’est une injure raciale et décide de le mentionner dans sa plainte. Comment peut- on accepter de se laisser ainsi traiter pendant des années ?

Moi, je mesure, à travers cet épisode, la détresse dans laquelle se trouvent ces personnes que l’on jette à la rue, la détresse de ces femmes que l’on insulte et qui ont choisi de se taire parce qu’elles ont peur de parler, de dire ce qu’elles ont sur le cœur, de dire ce qu’elles vivent au quotidien…
Je m’interroge. Est-ce ainsi qu’on expulse ? Des familles entières parfois….
J’ai ouvert les yeux sur la réalité de ce qui jusqu’à ce jour m’était inconnu. Je comprenais cette détresse mais, ne l’avais pas touché du doigt, ne l’avais pas vue concrètement.
Me tournerai-je un jour vers ces femmes en détresse et m’impliquerai-je pour les aider ? Je voulais le faire à l’étranger mais, je mesure à ce jour combien cela existe aussi chez nous….
Cela fait peur.
Et, comme j’avais écrit en parlant de l’éclatement de l’ex Yougoslavie et de cette guerre :
« Regarde les, toi qui as chaud
Regarde les et n’oublie pas
Que ce qui arrive là-bas
Peut arriver un jour chez toi ! »
L’expulsion peut aussi tomber sur le nez de n’importe lequel d’entre nous !
J’avais choisi de partir pour me changer les idées mais, le destin a décidé de m’ouvrir les yeux !
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les  jugements de cour vous rendront noir ou blanc » (Jean de la Fontaine)



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