Le chef d’établissement a été muté dans un autre
collège de l'agglomération, dans l'intérêt du service.
Mais, sur les 6 enseignants concernés, Laure est la
seule à être réintégrée. Ses collègues ont tous été mutés. C’est
incompréhensible !
Bref rappel du
problème : En lutte depuis le mois de novembre, en grève durant trois
semaines en décembre, en désaccord avec le chef d’établissement et ce, pour dénoncer le manque de moyens pour
appliquer la réforme des réseaux d’éducation prioritaire.
Le 22 mai, convoqués
au rectorat, ils apprennent qu’ils sont mutés !
La réforme qui prône l’autonomie des collèges ne
va-t-elle pas donner trop de pouvoir aux chefs d’établissement et conduire à
des dérives similaires ?
« Je me suis rendu compte que ce qu'on nous
demande d'appliquer avec les élèves, dialogue, écoute, aide, on ne le fait pas
pour nous enseignants. Exemple, il a fallu que j'attende le dix-huitième jour
de grève, le 10 juillet, pour être enfin écoutée par la médiatrice de
l'Éducation Nationale missionnée par la ministre, qui a mis en place un
protocole de médiation, et après avoir écouté tout le monde, a fait valider ma
réintégration. » (propos de Laure recueillis par S.R dans La Dépêche).
Et, moi, dans mon parcours d’enseignante j’ai aussi
découvert bien des faits, textes et autres qui m’ont écœurée et que j’ai relaté
dans : « Au risque de me perdre » .
Extraits de « Au
risque de me perdre » :
Je me permets, à ce
propos, de citer certains passages du « livre vert sur l'évolution du métierd'enseignant » :
« Repenser la
dynamique de la carrière des enseignants, c'est tout d'abord s'interroger sur
le rythme de cette carrière. »(p.208)
« la demande des
enseignants est qu'on leur donne la possibilité d'une « respiration
professionnelle ». (p.47)
Evoquant le désir
des enseignants, il est aussi dit ceci : « Ce qu'ils attendent, ce sont des
possibilités de diversification, de mobilité, d'ouverture... »(p. 208).
En considérant
l'allongement du temps de travail, n'est-il pas nécessaire de développer ce qui
a été évoqué p.209...un régime de « seconde carrière » ?
Mais, je
découvrirais aussi :
« En cas d'inaptitude définitive à l'exercice
des fonctions, sans qu'un reclassement ait été possible, le fonctionnaire est
mis à la retraite sans délai, à sa demande ou d'office, à l'expiration d'un
délai de douze mois à compter de sa mise en congé. » (circulaire n°1711 du 30
janvier 1989)
Ce qui signifie que
l'Education Nationale, un service public, peut, sous prétexte qu'il ne trouve
pas de possibilité de reclassement, envoyer le fonctionnaire à la retraite de
son propre chef, sans que l’intéressé ait donné son accord ? C'est tout
simplement ahurissant ! »
Plus elle entre dans
les textes, plus Gaby est écœurée !
Elle demande un
rendez-vous au médiateur censé régler le problème avec le rectorat. La
plupart de ses
courriers sont restés sans réponse ! Est ce normal ? C'est un ancien proviseur,
auquel elle expose ses problèmes et présente les différents courriers préparés,
parfois envoyés, mais, il s'efforce de défendre l'administration dont il dépend
! Cela ne l'étonne pas vraiment, il est le médiateur du rectorat ! Il lui fait
d’ailleurs remarquer que ses courriers envoyés au ministère ne servent à rien
et, au contraire ils mécontentent les services ! Elle ferait mieux de se taire
!
C’est un bon
fonctionnaire dira-t-elle par la suite … ça veut tout dire avec elle !
« De toute façon »,
me dit-elle, « si je ne fais rien, cela ne bougera pas, si je me défends et
frappe à toutes les portes, c’est dérangeant ! Tant pis, je préfère déranger !
J’ai dit au médiateur que j’irai jusqu’au bout ! Où est le bout ? m’a-t-il
demandé. Je n’en sais rien lui ai-je répondu mais …j’y vais ! »
Il lui apprendra
aussi que si l'administration n'a pas répondu dans les trois mois, cela
signifie… refus ! Elle apprend par la suite d'un député rencontré que c'est
l'inverse dans le service privé! Il est étonné que le service public bénéficie
d'un statut différent. Par la suite Gaby fera parvenir un courrier au médiateur
:
« Même si mon
problème doit se régler rapidement, je ne suis pas seule à être confrontée à de
telles situations et, je trouve injuste cette façon d'agir qui risque de mettre
en grave difficulté bien des personnes. L'accident n'est pas un choix !
Pénalisées par une perte de certaines capacités, ces personnes se retrouvent
confrontées à des difficultés financières.
Malgré tout le
respect que je peux porter à mon employeur (l'Etat en l'occurrence), je ne peux
rester indifférente à des situations qui me paraissent injustes.
Dans son souci
d'équité (comme vous me l'avez signalé), Mr le Recteur devrait aussi prendre en
compte cela. »
Par la suite, elle
surprendra une conversation téléphonique et comprendra qu’il suggère au
responsable du service qu’on insiste pour qu’elle parte d’elle-même à la
retraite.
«C’est révoltant ! »
dira-t-elle en ouvrant la porte de chez elle. « Il semblait m’avoir comprise.
Il m’a d’ailleurs dit que son choix personnel avait été d’arriver à 65 ans et, aujourd’hui, il préconise l’inverse pour les autres ! Il est sûr, qu’il touche
sa retraite de proviseur et, peut-être bénéficie-t-il aussi d’émoluments pour
sa fonction de médiateur ? Pense-t-il vraiment aux autres ? C’est quoi au
juste…un médiateur ? »
Gaby est indignée !
A qui se fier ?
« Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste les voiles »(William Arthur Ward)
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