mercredi 11 mai 2011

Les journées de la solidarité

Il arrive parfois certains jours que quelque chose (un évènement, des mots....) éveille chez vous des souvenirs qui vons rendent parfois mélancolique....
En allumant ma radio le 10 mai, j'ai entendu que nous commémorions ce jour là, l'abolition de l'esclavage..... alors qu'il y a une an, à la même période, dans la semaine du 10 mai 2010 nous avions fêté la journée de la solidarité pour l'autonomie des personnes âgées...

Mais, à quoi sert cette journée qui a provoqué tant de remous ?

Cela consiste en une journée de travail supplémentaire (qui peut éventuellement être fractionnée en heures), et qui est destinée au financement d’actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées

Après la canicule de l'été 2003 qui entraina la mort de près de 15 000 personnes, une journée de solidarité envers les personnes âgées a été instaurée sous le gouvernement de Pierre Raffarin. C'est la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et handicapées.

Nicolas Sarkosy a fait de ce dossier de la dépendance un des cinq chantiers prioritaires pour 2010.

En 2050, les plus de 85 ans seront près de 5 millions alors qu’on compte aujourd’hui plus d’un million de personnes dépendantes.

«Il devient urgent de changer de cap en privilégiant le vivre chez soi, comme choix individuel et collectif, pour favoriser l'autonomie, la mobilité et la réalisation de projets de vie» , insiste Nora Berra , Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, chargée de la Santé.

Aujourd’hui, 8 français sur dix désirent passer leurs vieux jours dans leur domicile.

La mission Vivre chez soi œuvre pour trouver des mesures concrètes pour favoriser ce maintien à domicile.

J'avais de l'Afrique, l'image d'une famille protégeant ses personnes âgées, les entourant de leur amour.....aujourd'hui, en lisant certains articles, je prends consience que cette image était fausse, qu'être vieux là bas n'est pas facile non plus. Etre vieux n'est facile nulle part.....

Mais, aider ceux qui le désirent à rester chez eux, n'est ce pas mieux que de les sortir de leur monde habituel et les envoyer dans des maisons de retraite alors que leur état ne leur impose pas de quitter leur maison ?

Pourquoi quitteraient ils leur foyer alors qu'ils pourraient vivre chez eux et, à plus forte raison, quand ils ont encore leur conjoint ?

Pourquoi ne pas les aider à poursuivre leur vie dans cet environnement qui leur est si familier, cet environnement dans lequel ils ont connu de bons moments ?

Je me souviens de mon père dans cette maison de retraite, passant ses journées sur un fauteuil, les yeux perdus dans un monde où personne ne pouvait entrer, où plus rien ne pouvait l'atteindre.....Il se protégeait ainsi d'une vie qu'il avait déjà quittée....

Même si le personnel s'en occupait au mieux, n'aurait-il pas été mieux chez lui dans sa grande maison, faisant chaque jour une courte promenade dans son grand jardin, continuant à vivre dans ce lieu qui lui était familier, lui qui avait travaillé toute sa vie ?

J'ai été peinée que sa proche famille le laisse là ...

Et, moi ? Que pouvais-je faire ? On m'avait tellement répété que sa chute avait laissé des séquelles dans sa tête, que je ne pouvais que faire confiance ...

Aujourd'hui, je suis triste en pensant à lui ...

Il aurait été si bien chez lui. Sa fin de vie aurait été autre....

Et, ce souvenir me ramène sur la place de mon village, dans cet adorable petit village du Gers, sur cette place où les hommes se retrouvent le matin et refont le monde....

Après un séjour à l'hôpital, suite à une chute dans les escaliers, il a échoué là et, sa vie a été rythmée par les heures des repas... Je le revois se soulevant de sa chaise et se dirigeant à petits pas vers le réfectoire.....

Les événements ont fait que je l'ai peu connu, mais, quand je le voyais là, prêtant de moins en moins d'attention à ce qui l'entourait, jetant un regard distrait à ma présence, ne me reconnaissant plus..... quand je voyais son état physique se dégrader car, il est certain que l'absence d'activité favorise l'atrophie des muscles, quand je le voyais ainsi, j'avais peur....

Même si nous ne le voulons pas, cela nous renvoie à ce que sera notre demain et, la peur nous envahit... Serai-je ainsi un jour ? Va-t-on ainsi me mettre au rebut comme un objet inutile dans ce monde impersonnel ?

Cette chanson « Ce père que je n'ai jamais eu » me remue les tripes tant elle me renvoie à mon histoire....

Et, quand je le voyais ainsi, je souhaitais très fort qu'il n'est pas été conscient de son état, qu'il soit vraiment dans son monde et qu'il voit de belles images défiler devant ses yeux, ses images auxquelles nous ne pouvions avoir accès...Je souhaitais très fort qu'il ne soit entouré que d' images de bonheur....

Un jour, ce 19 septembre 2010, il est parti, sans bruit, sans déranger personne, discrètement, en accord avec ce personnage qu' il était devenu depuis qu'il passait ses journées sur une chaise, les yeux tournés vers la télévision mais..... la regardait-il vraiment ? Cet homme actif, travailleur était devenu ça.....Mais, peut-il en être autrement quand on n'a plus pour tout univers qu'une chaise ou un siège quelqu'il soit ? Que voyait-il vraiment ? Est-ce sa vie qui défilait devant ses yeux ?

Il est parti dans un autre monde et peut être a-t-il trouvé là-bas, ces images qui ont été son lot quotidien durant toutes ces années de maison de retraite, ces images qui l'aidaient peut être à mieux vivre dans ces lieux ?

Et, en écoutant cette chanson de Johnny Hallyday je ne peux qu'être émue et troublée en entendant ces mots :« j'imaginais ma main d'enfant à l'abri dans sa main de grand, le seul homme en qui j'aurais cru, ce père que je n'ai jamais eu..... ». et, je pourrais ajouter ma touche personnelle à ces mots....."ou que j'ai eu trop tard, quand ma main avait grandi et appris à avancer seule"......."

Me souvenir de tout cela a éveillé chez moi un sentiment de culpabilité et, je souhaite que la journée de la solidarité permette à tous ceux qui le désirent de poursuivre leur vie .... chez eux !!!

"Enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité." (Edgar Morin)



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