Monsieur le Président de la
République
Objet : problèmes liés à
la dépendance suite à un
problème de santé.
Monsieur le Président ,
Vous avez désiré donner aux personnes âgées plus de possibilité de
demeurer dans leur maison et je trouve cela très bien.
Mais, avez-vous pensé à ceux qui, malades, trop âgés pour
la maison de rééducation, n’ayant plus la possibilité de demeurer à l’hôpital
pour soins, ne pouvant revenir dans leur foyer se retrouvent désarmés et ne savent plus où aller parce qu’on ne
veut plus d’eux ?
Le cas dont je vais vous parler est celui de bien des personnes mais, tous n’ont pas la chance de pouvoir exprimer leur colère et n’ont parfois personne pour le faire à leur place !
Février 2013 : mon beau père fait un AVC et le lent
calvaire du couple va commencer !
La partie gauche du corps est désormais paralysée et, il ne
peut plus s’alimenter normalement. Une sonde gastrique évite le dépérissement.
Mon beau père a 84 ans. Ils
demeurent à Mauvezin dans le Gers.
Après l’hôpital d’Auch où il reste quelque temps, il est
envoyé à l’hôpital de Mauvezin. Une place au centre de rééducation de ST
Blancart en avril va nous permettre d’espérer une amélioration jusqu’à cet
appel du centre qui, fin août, annonce à ma mère que dès la semaine suivante,
il est renvoyé à Mauvezin.
Une semaine de délai et un message laissé sur un
répondeur ! C’est donner peu d’importance à la personne âgée qui risque d’avoir devant une telle nouvelle une réaction que rien ne peut
présager ! Façon d’agir que je juge assez « cavalière » !
Retour donc à Mauvezin dont l’hôpital est contigu à la
maison de retraite. Quelle n’est pas l’étonnement de ma mère en se voyant
refuser une place dans cette maison parce qu’il demande trop de soins et que le
personnel n’est pas formé ?
Les cas tels mon beau père sont multiples.
Combien de personnes dans cette situation ai-je rencontré à
St Blancart ? Combien de femmes désarmées ne pouvant envisager une maison
de retraite pour leur conjoint parce qu’elles n’ont pas les moyens et qui vont
ainsi pour les années qui leur restent vivre enfermées au chevet d’un époux
malade ?
Quand je vois ma mère, personne fluette, comment
peut-on envisager une minute qu’elle puisse soigner son mari ? Ce sont
deux personnes qu’on condamne dans ce cas de figure ! Et, comment
pourrait-elle le soigner alors que le personnel de la maison de retraite s’en
juge incapable ? Un personnel qui, jadis, assurait de tels soins et qui,
aujourd’hui, alors que les techniques ont évolué, n’en est plus capable !
Jetez un regard attentif à de tels cas, qui, vu le
vieillissement de la population vont se multiplier !
J’ai du mal à admettre que le personnel d’une maison de
retraite ne soit pas formé pour les soins comme la toilette d’un malade même
dans un cas grave et pour les alimenter même s’il y a sonde gastrique !
J’ai du mal à admettre que les maisons de retraite soient si onéreuses que leur accès ne soit pas possible pour bien des couples !
La génération de ma mère et de mon beau
père est celle qui a connu la guerre et les privations, une génération qui ne
travaillait pas 35 heures et n’avait pas ses 5 semaines de congé !
C’est aussi la génération qui n’a pas pointé au chômage et
qui a toujours travaillé et parfois très durement !
La maison de retraite adaptée n’est pas trop loin mais, ma mère ne pourra aller le voir aussi souvent qu’elle voudrait
puisqu’elle sera tributaire de mes venues (j’habite Albi) et des personnes qui
pourront l’amener voir son mari.
Tous deux ont passé leur vie à Mauvezin. Lui, féru de
cyclisme n’a pas ménagé son temps pour aider lors des rencontres sportives dans
le village.
Mauvezin, c’était sa vie et, aujourd’hui, Mauvezin ne veut
plus de l’homme que, la maladie a ainsi diminué !
Que doit-il penser ? Lui, qui n’a plus ses jambes
mais, dont le cerveau fonctionne toujours ?
Comment va-t-il vivre cet isolement loin de sa ville et des
amis de son âge qui venaient lui rendre visite à l’hôpital ?
Désormais les hôpitaux ne gardent plus très longtemps les
malades et il faut trouver des solutions afin qu’ils soient soignés et bien
traités.
C’est tout de même incroyable que lorsqu’une personne est
malade elle n’ait plus le droit de demeurer dans un hôpital pour bénéficier de
soins.
Aujourd'hui, dans cette maison de retraite de Gimont, il a fallu lui administrer anti dépresseur et anxiolytiques.
Que doit-il penser de ce village qui l'a vu naître et qu'il n'a jamais quitté ?
Comment doit-il vivre ce refus de la maison de retraite de son village ?
Ce qui faisait autrefois la
force de ces villages était son humanité mais, désormais, cela n’est
plus !
Pourtant Mauvezin est
majoritairement peuplé de personnes âgées. Qu’adviendra-t-il d’elles
demain ? Va-t-on se « débarrasser » de ces personnes
dérangeantes parce que désormais elles ne servent plus à rien ?
J’ai voulu par ce courrier vous amener à considérer tous
ces cas qui, vu l’allongement de la durée de vie, iront croissant !
Pensez à tous ces couples âgés qui, hier, jouissaient de la
vie et que la maladie a aujourd’hui mis en difficulté.
Près de 2400 euros pour une maison de retraite !
Combien de couples âgés ont une telle somme ? Combien vont se trouver obligés de vendre cette petite maison dont ils étaient si fiers et pour laquelle ils se sont saignés aux quatre veines ?
Ne serait-il pas normal que le personnel d’une maison de
retraite « normale » soit formée pour accueillir des cas tels mon
beau père, des cas qui ont toute leur tête mais qui ont perdu une partie de
leur mobilité ?
Ne serait-il pas logique de garder ses personnes dans la maison de retraite de leur village, le plus près de leur conjoint ? Cela ne serait-il pas plus Humain ?
Mais, le terme « humain »
semble avoir perdu tout son sens de nos jours !
De tels cas vont se multiplier dans les années à venir. Ne
serait-il pas temps d’y songer ?
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce
courrier,
Je vous prie de bien
vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire