dimanche 6 juin 2010

Pourquoi je m'intéresse à la Guinée ?.



Les élections vont bientôt avoir lieu en Guinée pour élire le nouveau président.

Bientôt, l'histoire et la géographie ne seront plus enseignées dans les classes de terminale, bientôt cette curiosité pour les autres pays qui aurait pu être développée dans ces cours n'existera plus.....Au lieu d'ouvrir les autres au Monde, on les referme sur eux !
Au lieu de réorganiser cette matière en développant des sujets d'actualité, la solution trouvée est de de supprimer !

Aussi, à la veille (27 juin) de ce moment important pour les Guinéens, j'ai eu envie d'expliquer ce qui m'avait amené à m'intéresser à ce pays et d'évoquer une partie de son histoire ....

Pourquoi j'aime la Guinée ?

"Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont accordées à notre destinée." (François Mauriac)

Mes pas m'ont, un jour, conduite vers cet homme, ce Guinéen aveugle réfugié au Sénégal et, par lui, j'ai découvert son pays,.
Mes contacts avec de jeunes Guinéens qui criaient leur souffrance, qui me racontaient leur vie, qui tentaient de s'accrocher à cet espoir que tout changerait un jour.....tout cela a fait que sans te connaître, je t'ai aimée, toi, cette Guinée qui souffrait et que tout le monde ignorait.....jusqu'à ce jour où :

28 Septembre 2009 :
La Guinée surgit sous les projecteurs des médias….
Les évènements sanglants du stade de Conakry la font sortir de l'ombre et les regards se tournent vers ce pays jusqu'alors oublié….
Cette Guinée que l’on avait négligée, dont on ne parlait pas, affiche son désespoir, pleure ses blessés, ses violées, enterre ses morts…..
Et, tout à coup, parce que le pays souffre, parce qu'on dénombre des morts, parce qu'on évoque la violence......l'opinion internationale s'anime, des scènes choquantes font la une des journaux et.....la Guinée intéresse !
Pourquoi faut-il attendre la souffrance pour susciter l'intérêt ?

Mais......Qui es-tu donc Guinée?

La République de Guinée est aussi appelée Guinée Conakry du nom de sa capitale pour la différencier de la Guinée Bissau.
Ce pays d'une superficie de 245 860 km2 et d'une population de plus 9 millions d'habitants, la Guinée fait partie des pays les moins avancés (PMA).
82% de la population se concentre dans le secteur agricole mais, les problèmes de l'eau, les méthodes d'exploitation et l'insuffisance des infrastructures font que la Guinée est fortement dépendante du secteur minier.
Aujourd'hui, ce secteur représente près de 77 % des recettes d’exportation et 29 % des recettes propres de l’État.
C'est le premier pays mondial pour ses réserves de bauxite. Elle dispose également d'or, de fer , de diamants,de pétrole et d'uranium.

Colonisation :

Tout d'abord occupée par les Portugais, la Guinée Conakry est proclamée colonie française en 1891, ce qui explique que la langue officielle soit le français.
Samory Touré, fils d’un tisserand et d’une ménagère, mène une guerre organisée contre l'occupation française. Couronné empereur en 1875, il prendra le titre d’Almany (commandeur des croyants) en 1884.
Dans sa tentative de conquête, la France trouve sur sur chemin un adversaire exceptionnel: Samori Touré ! Durant près de 20 ans, il parvient à freiner la progression des troupes coloniales. Il devient le symbole de la résistance à l'invasion européenne. Faceà la suprématie matérielle de l’ennemi, Samory utilise la tactique de la terre brûlée et, les Français ne trouvent que des villages désertés et des greniers vides.
Il infligera de lourdes pertes à l’armée française.
Mais, homme traqué, pourchassé sans relâche par ses adversaires, il est fait prisonnier en septembre 1898.
En 1901 la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique occidentale française (AOF).

La Guinée sous Sékou Touré:

En choisissant le «non» au référendum proposé par le Général De Gaulle aux colonies françaises en Afrique, la Guinée obtient son indépendance le 2 octobre 1958.
Ahmed Sékou Touré en devient le président à 36 ans.
Le pays va alors connaître des difficultés de tous genres mais surtout économiques entraînant le plus souvent des ennuis sociaux. Le pays à qui la France venait de «fermer ses robinets», nouera désormais des relations avec les pays de l’Est et continuera son chemin, tant bien que mal….
Mais, si sur le plan international, la Guinée était perçue comme un état rebelle à l’autorité du colonisateur en votant «non», sur le plan national, c’est la révolution culturelle !
Et, c'est cette révolution qui fera dire au petit guinéen qui va à l’école: «c’est le parti qui a libéré le pays, c’est le parti qui a construit l’école, c’est le parti qui paie les maitres et tous les travailleurs de l’école...... tout appartient au parti.»
Sékou Touré commence à imposer ses lois et ses règles.
Les opposants au régime, sont arrêtés, parfois même exécutés ou meurent tout simplement de faiblesse dans les cellules du camp de Camp Boiro (entre dix mille et trente mille hommes ).....
On parle donc de 26 ans environ de dictature sous le règne de Sékou Touré.
On retiendra de cette période un centralisme excessif, une étatisation du commerce, la ruine de l’agriculture, l'effondrement de l’économie, la régression de la qualité de l’enseignement, l'isolement international du pays et une fuite des cadres pour échapper à la prison et à la mort…

La Guinée sous Lansana Conté :

A la mort de Sékou Touré en 1984, le gouvernement intérimaire est renversé et, Lansana Conté est nommé à la tête du pays.
Il dénonce le régime de Sékou Touré et s'engage à établir un régime démocratique. Il désire sortir la Guinée de son isolement international.
Défendeur des droits de l'homme, il libère 250 prisonniers politiques et encourage le retour des exilès.
Il opte pour un libéralisme économique et lance de nombreuses réformes, notamment la privatisation de certaines entreprises publiques, la dévaluation de la monnaie et le rétablissement du franc guinéen..
Lansana Conté tente également de réduire les dépenses du gouvernement et encourage les investissements étrangers.
Mais, réélu en 1998, il renoue peu à peu avec les pratiques autoritaires de Sékou Touré, en faisant notamment arrêter de nombreux opposants. L’accroissement des difficultés économiques du pays s’est accompagné d’un durcissement progressif du régime. L’économie s’est détériorée à un rythme inquiétant.
En novembre 2001, afin de briguer un 3ème mandat, il soumet à la population un référendum afin de modifier la constitution et est réélu en décembre 2003 avec 95,6% des suffrages, face à un seul adversaire !
La vie des Guinéens est de plus en plus difficile. La misère est partout, jusque dans la capitale....
Au milieu de l'année 2006, de nombreuses grèves générales et de sanglantes répressions, affaiblissent le président guinéen.
Le lendemain de la mort de Lansana Conté (23 décembre 2008), le capitaine Moussa Dadis Camara devient le 3ème président de la République de Guinée.

La Guinée sous Moussa Dadis Camara

Arrivé au pouvoir, le capitaine précise que le nouveau régime est provisoire et qu'aucun membre de la junte appelée aussi CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement) ne se présentera aux élections présidentielles prévues en 2010.
La lutte contre la drogue est une de ses priorités.
«La drogue cause un énorme préjudice non seulement au peuple guinéen, mais à tous les opérateurs économiques. C'est pourquoi, j'ai décidé de la combattre pour redorer l'image de marque de mon pays» (Dadis Camara)
Dadis séduit. Il dénonce les maux qui gangrènent la société guinéenne depuis l’indépendance en 1958 : corruption, injustice, impunité, insécurité, déficit démocratique, drogue, pénurie d’eau et d’électricité. Il annonce un vaste programme.
Le capitaine habitue les Guinéens et autres téléspectateurs de la RTG à des débats publics télévisés : ‘’ le Dadis show’’.
Au cours d'un meeting, il émet un doute quant à sa participation aux élections....Désormais, celui qui aime se faire appeler ‘’le capitaine patriote’’ sème le doute dans l’esprit de la population.
Les partis politiques choisissent la date historique du 28 septembre pour faire entendre leur voix. En effet, le 28 septembre 1958, les guinéens avaient dit non par référendum du général Charles de Gaulle.
Lors d'un meeting d'opposants au régime, organisé dans l'enceinte du plus grand stade de Conakry, l'armée guinéenne tire à balles réelles sur les manifestants, occasionnant 157 morts et milliers de blessés et de nombreux viols.
Suite aux massacres du 28 septembre, des dissensions apparaissent au sein du CNDD et le 3 décembre 2009 le président est grièvement blessé par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diabaté.
Dadis est hospitalisé au Maroc le 4, et Sékouba Konaté, alors en déplacement rentre au pays pour assurer l'intérim.

La transition de Sékouba Konaté

Le 15 janvier, un accord est trouvé entre Dadis et Sékouba Konaté. Ce dernier devient le Président de la transition
Le 16 janvier, Dadis Camara, alors au Burkina, annonce que la question de sa candidature ainsi que celle des autres membres de la junte est définitivement réglée.

La Cour suprême de Guinée a approuvé début juin la liste des 24 candidats aux élections présidentielles qui devraient avoir lieu en juin.....

Lors d'un débat à l'Université Kofi Annan de Conakry, les intervenants ont interpellé les jeunes sur le rôle qu’ils doivent jouer pour contribuer au changement en Guinée. Un jeune a critiqué le comportement des leaders politiques qui les utilisent à leur guise : ‘’nous sommes laissés pour compte, les politiciens n’ont besoin de nous que pour le décor.’’
Pourtant, la population du pays est essentiellement constituée de mineurs 53% de moins de 18 ans, 54% entre 7 et 39 ans. L'âge moyen était estimé à 23,2 ans en 2002 ce qui est un acquis démographique important.
Cette jeunesse est un véritable vivier pour le pays.

Parmi ces 24 candidats, un d'entre eux deviendra le 4ème président de la République de Guinée.
Aussi, je lui dirai :
«Ces jeunes ont besoin de vous pour croire à nouveau en leur pays et......vous.....vous avez besoin d'eux pour permettre à la Guinée d'occuper la place qu'elle mérite !
Votre jeunesse est une de vos richesses....ne les oubliez pas !»

Mon histoire d'amour avec la Guinée, ce pays que je ne connais pas, n'est pas terminée et, un jour.....je viendrai te rencontrer, toi....Guinée !

Et, ce jour de juin où les Guinéens se dirigeront vers les bureaux de vote, l'opinion internationale tournera ses yeux vers la Guinée parce qu'un jour de septembre 2009, des Guinéens se sont révoltés, y laissant parfois leur vie et leur honneur, et ont dit «NON» !

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