18 mai 2007, X. Darcos devient Ministre de l'Education
Nationale dans le gouvernement François Fillon et le 23 juin 2009 voit son
départ vers le Ministère du Travail...
Xavier Darcos, l’homme aux multiples facettes, s'efforçant à
son arrivée d'amadouer enseignants, élèves, parents et syndicats, puis imposant
ses réformes coûte que coûte et enfin, secoué par grèves et échecs, il quittera
ce Ministère tel un « soldat sacrifié »!
Dès son arrivée en 2007, il se présente comme l'ami du corps
enseignant et va engager un bras de force avec Bercy afin de limiter le nombre
de suppressions de postes.
Respectueux à l'égard des syndicats, il souligne à plusieurs
reprises qu'ils sont, tout comme lui, des « défenseurs de l'école de la
République » et ceux ci reconnaissent qu'il s'est efforcé de limiter les
dégâts.
Le terme « concertation » est le maître mot de toutes ses
réformes !
Il émet le désir de supprimer les cours du samedi matin. Dès
septembre 2008, cette réforme est mise en place et dans l'ensemble bien
accueilli.
Un rapport appelé « livre vert » laisse espérer que le
milieu enseignant a enfin, un Ministre qui les comprend et avec lequel ils
pourront enfin….communiquer !
Ce rapport comporte principalement un état des lieux mettant
en évidence les conditions de l'évolution du métier et devrait être soumis à la
réflexion gouvernementale par la suite
« Le temps de la décision sera celui du livre blanc qui
rassemblera les propositions du gouvernement pour faire avancer la condition
enseignante » ( Xavier Darcos)
Ce livre vert a fédéré bien des espoirs de reconnaissance du
métier d'enseignant.... Il reste à souhaiter qu'un autre ministre mettra en
application de telles idées.
Mais, le Xavier Darcos de 2008 est devenu tout autre. Que
lui est-il arrivé ? A-t-il subi des pressions ? Lui a-t-on reproché d'être trop
sympa ?
La deuxième période commence dès février 2008.
Alors qu'il n'évoquait que des ajustements, le voilà décidé
à lancer de nouveaux programmes dans l’école primaire ! Il va jusqu'à prétendre
qu'il n'est nul besoin de diplômes pour changer des couches, s’attirant ainsi
les foudres de l ‘enseignement primaire !
La classe de maternelle va-t-elle disparaître ?
Le primaire ouvre la voie des hostilités tandis que le
secondaire assiste désarmé à des suppressions de postes !
Le personnage qui s’affirme désormais est le réformateur que
rien n’arrête ! Il fonce, sourd aux désirs des enseignants et la concertation…
il la fait seul !
Il diminue les réseaux d'aide aux élèves en difficulté
(RASED) dans le primaire et émet le projet de supprimer les instituts
universitaires de formation des maîtres (IUFM).
Le ton avec les syndicats se durcit !
Les mouvements de grèves commencent dès septembre 2008 et
vont se multiplier durant toute l'année scolaire 2008-2009...
Lors du mouvement de protestation de novembre 2008, il se
permet de dire que "les enseignants n’ont pas les syndicats qu’ils
méritent »
Ce revirement ressemble fort à une déclaration de guerre !
Le ministre annonce une réforme des lycées pour septembre
2009. En novembre 2008, les lycéens manifestent contre la réforme en
préparation. Le 15 décembre, devant le mouvement de grogne qui s'amplifie, la
réforme est reportée, puis retirée.
Mais, il poursuit son travail de sape et annonce la
suppression de treize mille cinq cents postes à la rentrée 2009 !
Là, c'est l'apothéose !
Il continue à se saborder et .....c’est la troisième
période….. le début de la fin !
Grillé, il apparaît alors comme le « soldat sacrifié » !
"Cette politique d'appauvrissement, "ce sera votre
Vietnam", lui a lancé le socialiste Jack Lang.
Mais, le primaire et le secondaire ne sont pas seuls à
s'agiter. Les facs bougent elles aussi !
Les enseignants-chercheurs face aux mesures annoncées par
Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
désertent les amphithéâtres.
Les étudiants, eux, envahissent les amphis et se réunissent
en assemblées générales.
Les mouvements d’enseignants-chercheurs mobilisés contre la
réforme de leur statut se manifestent sous des formes diverses : rétention de
notes, grève, réunion d’explication devant les étudiants...
La loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités) de
décembre 2007 sur l’autonomie des universités
donne de plus en plus de pouvoir au président des universités et
déclenche la grève des enseignants chercheurs. Ils tentent de mobiliser les
administratifs qui ne suivent pas vraiment parce qu'ils considèrent ce
mouvement trop corporatiste mais, ils entraînent les étudiants conscients que
cette réforme risque de soumettre l'université aux nécessités économiques et
politiques.
Nicolas Sarkosy en février 2006 avait dit en plaisantant : «
L'autre jour je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du
concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez,
avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur « La Princesse de
Clèves ». Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la
guichetière ce qu'elle pensait de « La Princesse de Clèves....Imaginez un peu
le spectacle ! »
« Par ces mots, Nicolas Sarkosy a fait la promotion de la
Princesse de Clèves » titrera par la suite le journal « Le Monde » !
Par réaction à ces paroles, des lectures publiques de ce
roman sont organisées dans les rues et les squares des grandes villes. Même dit
sur le ton de la plaisanterie, cela est apparu choquant de la part d'un
ministre, futur Président. C'est en effet une des tâches de l'école de faire
découvrir la culture. Par ailleurs, on peut s’interroger sur le rapport qu’il
fait entre attaché d’administration et « guichetier »!
Le remaniement de juin 2009 voit le départ de Xavier Darcos,
nommé ministre du Travail et l’arrivée de Luc-Marie Chatel... Valérie Pécresse
conserve ses attributions.
A 45 ans, Luc Chatel se voit confier la lourde tâche de
Ministre de l'Education Nationale.
De par sa formation, et son expérience de parlementaire puis
de Secrétaire d'État, on pourrait espérer un changement de cap.
Mais ce qui inquiète est qu'il se définisse comme un
libéral, considérant que la concurrence est le meilleur moyen de rendre
l'économie florissante. Peut-on penser « concurrence » lorsqu'on parle «
enseignement » ? Il est à espérer qu'il saura faire la distinction !
Les enseignants ont tendance à espérer qu'il leur faudrait
un enseignant qui connaisse bien le métier.
Hélas ! l'expérience a prouvé qu'ils n'étaient pas aussi
près des réalités qu’ils le pensaient. Entre le "dégraisseur de
mammouths" et "le changeur de couches"on peut s'interroger.
Le renouvellement
ministériel a eu lieu à la période du bac. Deux sujets de philo ne peuvent
qu’interpeller :
« Que gagne t-on à échanger ? » (série ES)
Avec ce changement de ministre, ce sujet est vraiment à
l’ordre du jour ! Le gain de l’échange, nous ne le connaîtrons que plus tard
mais, le changement génère souvent l’espoir…
Sujet de la série S qui porte sur les notions d'absurde et
d'impossible....
Ce sujet a amené bien des personnes non-candidates au BAC à
s'interroger.
« Ces désirs sont-ils du domaine de l'impossible ? »
-Un ministre à l’écoute des profs, des élèves, de toutes ces
personnes qui sont sous ses ordres…
-Un ministre qui n’utilise pas l’agressivité des mots pour
créer des tensions entre Service public et Service privé.
-Un ministre qui n’assiste pas avec indifférence au
démantèlement de notre école de la République.
-Un ministre qui comprenne, qui tente de remédier aux maux
de notre école, n’est-ce pas du domaine du possible! ?
Mais, tandis que le mouvement des enseignants «
désobéisseurs s’amplifie, Luc Chatel reste déterminé à poursuivre l’action
entreprise par son prédécesseur !
Parmi ces enseignants, un directeur d’école élémentaire
perdra son poste de direction, un enseignant Marseillais risque le
licenciement, un prof d’histoire et géographie voit au bout de 25 années sa
manière d’enseigner contestée. Il aura donc fallu 25 ans pour s’en rendre
compte ? C’est incroyable !
Une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ils attendent le
verdict !
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » (E
de la Boétie)
Pourtant, tous n’ont qu’un désir :
- aller
vers une école meilleure et leur réflexion s’accompagne de dialogues avec les
parents tout en assurant leur service.
- Continuer
à travailler et agir au mieux pour aider l’élève à trouver la voie qui l’aidera
à s’épanouir dans sa vie d’adulte et de futur citoyen.
Ce n’est pas en punissant que le système peut s’améliorer
mais en écoutant et en réfléchissant ENSEMBLE !
« Les poursuites disciplinaires contre les professeurs des
écoles « désobéisseurs »iront à leur terme, il n’a pas de raison d’y mettre fin
» (propos tenus par le ministre sur France Inter)
Finalement cet échange de ministre permettait d’espérer que
ce qui était impossible hier ne le serait plus aujourd’hui.
« Est-il absurde de désirer l'impossible ? » - "(extrait du livre que j'ai publié aux Editions Praelego et qui s'intitule "Au risque de me perdre" )
Mai 2012 : Vincent Peillon va remplacer Luc Chatel.
Si on devait faire le bilan de ce dernier que pourrait-on dire ?
- - Management par le stress !
- - Aucune considération humaine.
- - Fichage des élèves
- - Manie de l’évaluation
- - Dispositifs d’aides aux élèves en difficulté sérieusement mis
à mal !
- - Liberté pédagogique remise en cause !
- - Et des chiffres, toujours des chiffres !
- - Des dizaines de milliers de postes supprimés !
La résistance pédagogique de milliers d’enseignants s’est
poursuivie et il n’a eu de cesse que d’ordonner de sanctionner !
J'espère que la concertation sera possible avec le nouveau ministre, qu'il écoutera la voix de ceux qui ont bien des choses à lui dire et qu'ils chercheront.....ensemble !
« Au fond, Dieu veut que l’homme désobéisse. Désobéir, c’est
chercher » (V.Hugo)