dimanche 25 octobre 2009

La lettre

Châteaubriant, le 22 octobre 1941


Le 22 octobre, la lettre d’adieu de Guy Môquet a été lue dans les lycées français :

Lycéen parisien, Guy Môquet est arrêté à la gare de l’Est où il distribuait des tracts. Il sera fusillé avec 26 de ses camarades en représailles de l’assassinat de l’officier Karl Hotz. Il est le plus jeune des vingt-sept otages assassinés du camp de Châteaubriant.

En octobre 1941, Karl Hotz, responsable des troupes d'occupation en Loire-inférieure est abattu à Nantes.

Le 22 octobre, 48 prisonniers dont 27 jeunes de Chateaubriand sont fusillés. Guy Môquet avait 17 ans.

Le conseiller spécial de l’Elysée Henri Guaino a souligné en début de semaine que les enseignants avaient, en tant que fonctionnaires, le devoir d’"obéir aux directives" et par conséquent de lire à leurs élèves la lettre du jeune résistant Guy Môquet fusillé le 22 octobre 1941. Des propos qui ont choqué le monde enseignant...

"Les enseignants ont un devoir (...) c'est de faire leur métier d'enseignant, donc d'obéir aux directives", a rappelé Henri Guaino, et d'ajouter : "Ce n'est pas une profession libérale le métier d'enseignant, c'est une profession de fonctionnaire. Il y a des directives et il n'est pas indigne, au regard des lois de la République et des grands principes qui nous gouvernent, de lire la lettre de Guy Môquet ".

Ce n'est pas la lecture de la lettre que je désapprouve mais, cette façon d'imposer et de considérer les personnes comme des pions ! « Tu fais ci, tu fais ça » !

Je désapprouve aussi le parallèle qui est fait entre cette lettre et l'affaire de l'EPAD avec Jean Sarkosy.

Cette lettre porte en elle tant de souffrances,d'émotion, de tendresse....Elle est un cri d'amour, un cri du cœur et la lecture ne peut se faire sous la contrainte !

Châteaubriant, le 22 octobre 1941

Châteaubriant, le 22 octobre 1941

Ma petite maman chérie,

Mon tout petit frère adoré,

Mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, à toi en particulier petite maman, c’est d’être très courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et René (1). Quant à mon véritable (2), je ne peux le faire, hélas ! j’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge qui, je l’escompte, sera fier de les porter un jour.

À toi, petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman bien des peines, je te salue pour la dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée.

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup, qu’il étudie, qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demie (sic), ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels (3). Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine.

Je ne peux pas en mettre davantage, je vous quitte tous, toutes, toi maman, Séserge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant. Courage !

Votre Guy qui vous aime.

Guy.

Châteaubriant, le 22 octobre 1941


L'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade (Cardinal De Richelieu)






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