jeudi 18 juin 2009

Bac

Un des sujets :

"Est il absurde de désirer l'impossible ?"

C'est quoi l'impossible ? Désirer que chacun puisse manger et vivre décemment ici ou ailleurs ?

"Infographies
Le cap du milliard de personnes sous-alimentées franchi en 2009.
Le niveau "historique" du milliard de personnes sous-alimentées sera franchi en 2009 en raison de la crise économique, a annoncé vendredi l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)."

Je ne peux m'empêcher de penser à ces parsonnes que j'ai rencontrées en Casamance (Sénégal) et qui sont devenues des amis..... L'une d'entre elles Béké est mort brutalement à 35-40 ans. L'autre, Papa aveugle dans la misère est aujourd'hui très malade et, je m'efforce de l'aider avec mes quelques moyens.

Extraits de "Au risque de me perdre" :

« Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont accordées à notre destinée. » François Mauriac

Les filles me suivent dans les ruelles de Kafountine et, nous partons sur les traces de Papa. Personne devant le Farafina ne peut nous renseigner. Nous errons aux alentours de la boite de nuit ; enfin, nous décou
vrons une dame assise devant sa maison, ses enfants jouent dans la cour. J'ai du mal à me faire comprendre car, elle ne parle pas français mais, avec des gestes, elle m'indique le chemin puis demande à sa petite fille de m'accompagner. Je la suis. Les filles continuent à jouer avec les enfants. L'enfant m'entraîne à l'arrière d'une maison et me désigne une porte en tôle ondulée. Je frappe. Une voix me demande qui je suis et, lorsque je donne le nom de mon fils, le « sésame » qui fait ouvrir cette porte. C'est la joie !
Papa m'apparaît. C’est un homme grand et mince, coiffé de tresses africaines appelées aussi rastas. De grosses lunettes noires dissimulent sa cécité. Il m'invite à entrer. A côté de cette misérable pièce, le Bolonga me semble un palais. Avec ses murs gris et sales, la chambre ressemble plus à un garage. Un matelas posé sur un support en bois, un autre posé à terre, une petite table sont tout le mobilier de cette pièce. Pas de lavabo. Pas de toilettes ! Un seau avec une eau saumâtre est posé à côté de la table et, pour les besoins naturels … c'est la nature !
Cette misère me fend le cœur. Une guitare est posée sur le lit. C'est son bien le plus précieux.
J'appelle les filles pour les prévenir que je l'ai trouvé. Elles arrivent, appareil photo en mains. Papa est surpris et inquiet. Je m'interroge. Pourquoi ? Par la suite, il me demandera s'il avait le grigri autour de son cou quand la photo a été prise. Ce « grigri », un petit jumbé le protège. Plus tard, en plaisantant, je lui dirai pour le rassurer :
« Tu l'avais ton jumbé, t'en fais pas, les filles ne t'ont pas volé ton âme! » ce qui le fera rire.
Les filles se sont allongées sur le matelas au sol et, Papa, fier, nous joue un morceau de guitare et chante. Les paroles, il les a composées. Elles parlent de rapports entre un ouvrier et son patron. Le refrain : « patron, je ne suis pas un con »nous le reprenons en chœur ! Papa est heureux et sourit. Nous apportons une note de fraîcheur dans sa misérable vie !
Les filles sont parties rejoindre des jeunes du village, nous bavardons. Il me parle de sa vie ici. Après être revenu avec mon fils à Dakar, il a réuni ses maigres affaires, mon fils lui a donné l'argent du voyage et il est revenu en autobus à Albadar chez Béké. Par la suite, il est venu s'installer à Kafountine.

« Tu sais, me dit-il, on rit, on chante, mais la vie ici est très difficile, on ne vit pas vraiment ! »


« Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation » Proverbe japonais

Nous n'avons pas fini de manger lorsque Béké arrive. Il s'assoie avec nous. Il a mis ce tee-shirt vert que je lui avais amené. Il est touchant. Je le sens gêné quand à un certain moment, la discussion traite de lecture. Il me regarde tristement. Sur la photo que j'ai prise alors, il apparaît comme un petit garçon, la tête rentré dans les épaules comme s'il voulait disparaître, se laisser engloutir par cette nuit noire sénégalaise. Devant son regard gêné, j'ai décidé à ce moment là de revenir et de lui apprendre à lire et à écrire… à lui, et à tous ceux qui comme lui sont analphabètes !

Mais, Béké est mort peu de temps après mon retour en France.


L'école de Kassel
« Celui qui ouvre une porte d'école, ferme
une prison. » Victor Hugo

Le mardi matin, nous décidons d'aller rencontrer les instituteurs de Kassel. Eugène vient nous chercher.
L'école n'est pas obligatoire, c'est bien trop cher pour les familles. 65% des enfants termineront le primaire et, sur les 15%qui seront dans le secondaire, 2 à 3% simplement iront à l'université. Ils apprennent le français à partir du primaire.
Les enfants font parfois 5 à 6 kms matin et soir pour aller à l'école. Ils sont très motivés et contents d'aller en classe. Ils ont conscience que c'est une chance pour eux et sont très attentifs et étudient sérieusement. Les devoirs se font souvent la nuit, souvent dans la rue, sur un carton qui leur sert de bureau et, à la lumière d'une lampe à pétrole. Souvent le matin, avant de partir, ils aident aux travaux de la maison.
L'école de Kassel compte trois classes dont deux en dur. La classe des petits est une hutte au toit de paille. Dans la classe de CM2 les élèves me paraissent âgés. Rien à voir avec l'âge de nos élèves !

Eugène, notre taxi ! 35 ans au plus est mort brutalement l'an passé......
Aujourd'hui, je travaille sur la vie de Papa qu'il a enregistrée sur cassettes. Depuis ses études en Gambie, sa cécité à l'âge de 34 ans, ses tournées de guitariste en France et ailleurs, et le trottoir de Dakar où mon fils l'a découvert dormant sur une table.....que s'est il passé ?
"Qui t'a pris tes yeux Papa" sera sûrement le livre que j'écrierai pour l'aider en souhaitant que la maladie ne l'emporte pas.....avant.......

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