mercredi 3 décembre 2014

Journée internationale des Personnes Handicapées









Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre. (grand corps malade)

Le 3 décembre 1992, afin de favoriser l'intégration et l'accès à la vie économique, sociale et politique des personnes handicapées, une Journée Internationale des Personnes Handicapées à été proclamée, en 1992, par les Nations Unies.
Une occasion de rappeler que : : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits". Le respect de cette dignité due à chaque personne, valide ou non, implique la reconnaissance de droits fondamentaux comme l'éducation ou l'accès au travail.
Les manifestations organisées à cette occasion nous invitent à modifier le regard que nous portons sur les personnes handicapées.
Le handicap c’est aussi l’histoire de cet aveugle qui a croisé mon chemin à Kafountine au Sénégal, cet homme que j’ai cherché parce que mon fils l’avait rencontré et, ému par sa misère, il m’en avait parlé.
« Papa m'apparaît. C’est un homme grand et mince, coiffé de tresses africaines appelées aussi rastas. De grosses lunettes noires dissimulent sa cécité. Il m'invite à entrer. A côté de cette misérable pièce, le Bolonga me semble un palais. Avec ses murs gris et sales, la chambre ressemble plus à un garage. Un matelas posé sur un support en bois, un autre posé à terre, une petite table sont tout le mobilier de cette pièce. Pas de lavabo. Pas de toilettes ! Un seau avec une eau saumâtre est posé à côté de la table et, pour les besoins naturels … c'est la nature !
Cette misère me fend le cœur. Une guitare est posée sur le lit. C'est son bien le plus précieux.
J'appelle les filles pour les prévenir que je l'ai trouvé. Elles arrivent, appareil photo en mains. Papa est surpris et inquiet. Je m'interroge. Pourquoi ? Par la suite, il me demandera s'il avait le grigri autour de son cou quand la photo a été prise. Ce « grigri », un petit jumbé le protège. Plus tard, en plaisantant, je lui dirai pour le rassurer :
« Tu l'avais ton jumbé, t'en fais pas, les filles ne t'ont pas volé ton âme! » ce qui le fera rire.
Les filles se sont allongées sur le matelas au sol et, Papa, fier, nous joue un morceau de guitare et chante. Les paroles, il les a composées. Elles parlent de rapports entre un ouvrier et son patron. Le refrain : « patron, je ne suis pas un con »nous le reprenons en chœur ! Papa est heureux et sourit. Nous apportons une note de fraîcheur dans sa misérable vie !
Les filles sont parties rejoindre des jeunes du village, nous bavardons. Il me parle de sa vie ici. Après être revenu avec mon fils à Dakar, il a réuni ses maigres affaires, mon fils lui a donné l'argent du voyage et il est revenu en autobus à Albadar chez Béké. Par la suite, il est venu s'installer à Kafountine.
« Tu sais, me dit-il, on rit, on chante, mais la vie ici est très difficile, on ne vit pas vraiment !  »(Extrait de « Au risque de me perdre »

La cécité à 20 ans alors qu’il était sur les bancs de la FAC à Kankan (Guinée)
Après un examen de vingt minutes, le médecin fait un bilan. Je souffrais de la cataracte mais, pour opérer, il faut que la maladie évolue, parce qu’elle est à un stade primaire. Il fallait que la membrane recouvre entièrement la rétine. On pourrait ainsi éviter la cécité.
Je quitte l’hôpital avec mon frère.
Mais, à l’entrée de l’hôpital, j’avais lu une phrase sur un panneau. Pour montrer aux illettrés que c’est ici qu’on soigne l’œil, il y a le croquis d’un œil, d’un gros œil et au dessous, il y a écrit cette célèbre phrase : « La vie, c’est la vue, la vue fait la vie ». je répète encore : « la vie, c’est la vue, la vue, c’est la vie »….
Cette phrase m’a foudroyé !
Mon frère a fait semblant de ne rien voir. Au retour, à la maison, mon frère qui me sentait moralement abattu et essayait de me remonter le moral en me disant : « Papa, courage….courage, ça ira. Ce docteur là va te soigner mais, il faut que ta maladie progresse ». Il ne cessait de me consoler et me proposait même de boire de l’alcool. Il avait mis des postes, des radios cassettes à ma disposition pour me distraire. Mon frère m’a moralement et psychologiquement soutenu.
Le soir, je lui dis : « J’ai lu une phrase à l’hôpital »
-           Laquelle ? » me demande-t-il.
- Tu as vu la phrase sur le panneau qu’il y a à l’entrée ? Une phrase que je n’oublierai jamais.
- C’est laquelle ?
- On a écrit : « la vie c’est la vue, la vue, c’est la vie ».
- Je l’ai lue moi aussi, mais, je croyais que tu n’y avais pas prêté attention.
Cette phrase ne cesse de me hanter.
- Papa, reste positif, tout ira pour le mieux. Tu pourras éviter le pire. Pour l’instant, tu n’as rien perdu. Nous sommes tous là, à tes côtés.
A partir de cet instant, toute ma réflexion est allée sur mon insertion sociale parce que j’ai vu le handicap arriver au grand galop ! Il fallait tout faire pour l’arrêter. C’est là que j’ai pensé à jeter les jalons de mon insertion sociale.(extrait du livre relatant sa vie et sur lequel je travaille….)




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